Les textes sont bien compliqués, sujets à interprétation, à revirement de jurisprudence, aux changements législatifs. C'est l'aléa fiscal ! Ce qui a pour conséquence des dommages collatéraux sur l'enthousiasme, l'optimisme, le goût d'entreprendre, le civisme et le patriotisme fiscal.
La loi Essoc "pour un État au service d'une société de confiance" a été promulguée dans le but de changer de positionnement. Elle est basée sur une écoute réciproque bienveillante, faisant de l'administration un partenaire des contribuables et tout particulièrement des entreprises. De nombreuses avancées ont été faites dans cette perspective ; parmi les plus emblématiques : le droit à l'erreur et la suppression prévue pour 2023 de la majoration fiscale de 25 % des revenus imposables des entrepreneurs n'adhérant pas à une AGA.
Les entreprises imposées à l'impôt sur
le revenu (IR), relevant du régime du réel de
droit ou sur option, qui ne souhaitaient pas
être sanctionnées d'une majoration de 25 %
de leurs bénéfices devaient adhérer à une
AGA ou un OGA (organisme de gestion
agréée) pour être soumises à un examen de
cohérence et de vraisemblance (ECCV) et
à un examen périodique de sincérité (EPS).
Cette adhésion, obligatoire sous peine d'une
pénalisation fiscale, était onéreuse, consommatrice
de temps, et n'exonérait l'entreprise
ni de contrôle fiscal, ni de redressement,
ni de pénalités. Ce mécanisme vécu comme
une sanction est remplacé par un dispositif
plus attractif basé sur une démarche volontaire
: l'examen de conformité fiscale (ECF).
Créé par le décret n° 2021-25 du 13 janvier
2021, l'ECF permet aux entreprises (individuelles
ou sociétés), quels que soient leur
chiffre d'affaires et leur régime d'imposition,
de confier à un prestataire un pré-contrôle
sous la forme d'un audit.
L'ECF est un dispositif essentiellement
préventif. Il a pour finalité d'éviter et éventuellement
de réparer les erreurs fiscales
en amont de tout contrôle fiscal. Lorsque
l'examen fait apparaître une anomalie,
le prestataire invite l'entreprise auditée
à corriger le point litigieux. Cette correction
peut prendre la forme d'une déclaration
rectificative.
L'ECF réalisé par un prestataire n'est pas une
nouvelle modalité de contrôle fiscal. Ce dernier
perdure avec son arsenal redouté. Alors
qu'apporte ce nouveau dispositif ?
Il conforte dix points fiscaux et permet éventuellement
une régularisation préventive
avant tout contrôle fiscal (voir ci-contre).
Si malgré tout, par la suite, un point était
redressé par les services fiscaux, aucune
pénalité ne sera demandée et votre prestataire
devra vous rembourser la partie de
ses honoraires relatifs au point redressé.
Sur des points délicats et complexes, l'ECF
pourra, s'il est bien renseigné, faire office de
mention expresse.
Cette démarche apporte donc une présomption
de conformité de l'entreprise
à l'égard des règles fiscales utiles de nature
à donner de la sérénité à l'entreprise mais
aussi à l'administration. Du « gagnant-gagnant
» comme le relève Thierry Duffant,
administrateur général des finances.
Cette tranquillité sera la bienvenue pour
les professionnels libéraux. Clarification
et sécurité sont encore plus essentielles
pour les grandes entreprises qui ont en
charge la vie de milliers de salariés, laquelle
pourrait être remise en cause en cas de
gros pépin fiscal inattendu. C'est la raison
pour laquelle l'administration ouvre cette
possibilité à toutes les entreprises.
Ainsi oui, vous aussi êtes concerné et oui,
vous pouvez en bénéficier.
Le décret du 13 janvier 2021 ne comporte ni précision ni restriction quant à la qualité du prestataire. Le contrat établi entre l'entreprise et le prestataire prévoit notamment :
Lorsque l'ECF sera généralisé, on peut
présumer que les entreprises qui ne s'y
soumettront pas risquent d'attirer l'attention
de l'administration, surtout celles qui
établissent seules leurs comptes.
L'attestation de conformité fiscale peut
aussi rassurer votre banquier lorsque vous
le sollicitez pour bénéficier d'un emprunt :
une présomption de conformité, c'est
rassurant !
Alors l'ECF, élément de confiance facultatif,
pourra vite s'avérer indispensable dans
les faits.
La loi Essoc marque un changement majeur
dans l'attitude de l'administration vis-à-vis
des contribuables : passer de l'antagonisme
répressif au rôle de partenaire, bienveillant
et à l'écoute. Rappelons quelques
mesures phares : le droit à l'erreur et la
suppression de la majoration des
25 %. Aujourd'hui, elle introduit
l'ECF, un audit fiscal annuel,
facultatif destiné à améliorer
la transparence,
donc la confiance
entre l'administration
et le contribuable.
Il faut se féliciter de ces
évolutions et souhaite
en faire profiter les infirmiers
libéraux comme elle
l'avait fait avec le Visa fiscal.