Quand l'aventure peut mal tourner
Le récit d'Élisabeth Nouet
J'ai obtenu mon diplôme en 1979 en même
temps qu'une amie et collègue avec qui
je vais travailler des années durant.
Pour commencer, nous nous sommes
installées chacune en libéral, puis,
en 1988, nous avons décidé de
nous associer. Nous avons apporté
chacune notre patientèle à la SCP
que nous avons créée. Après 30 ans
de carrière, nous décidons de passer la
main à deux jeunes consoeurs. L'acte de vente
signé, je programme pour ma part une belle randonnée avec mon
conjoint, loin d'imaginer ce qui va suivre.Je reçois début juillet le coup de fil d'un membre de la FNI qui m'explique la situation désespérée dans laquelle se trouve une adhérente à la suite d'une cession de parts sociales d'une SCP.
Je prends contact avec l'infirmière, Madame Nouet, que je sens au bord du gouffre. Je comprends très vite que le dossier ne sera pas simple à démêler et procède donc méthodiquement. Je commence par demander les éléments pour instruire le dossier. Je me doute qu'il faut analyser en profondeur le fameux "compte courant" figurant dans le grand livre comptable. Comme annoncé, je découvre que le solde est largement débiteur. Au vu des chiffres examinés, j'en conclus que le problème ne pouvait provenir que d'exercices antérieurs.
Je reprends contact et demande les statuts, les assemblées générales, les bilans précédents et demande à Mme Nouet de me commenter l'historique de la SCP. C'est ainsi que nous découvrons le "pot aux roses" : en 1988, Élisabeth Nouet et sa collègue avaient apporté leur patientèle afin de constituer le capital de la SCP. Cette valeur, au lieu d'être portée à l'actif du bilan dans le poste " Immobilisation incorporelle", avait été débitée au compte courant des deux associées. C'est cette anomalie qui ressortait 32 ans après.
Le comptable, comme les associées de la SCP, habitués à l'exercice individuel, n'ont pas ressenti le besoin d'établir un bilan annuel précis ni de l'examiner, ce qui, n'en doutons pas, aurait alerté immédiatement sur l'erreur. Plus regrettable encore, les assemblées n'ont pas fait état de la situation des comptes courants depuis 1988 ! Réunir les assemblées est une obligation prévue par les statuts, c'est donc obligatoire. Faut-il attendre un pépin, une dispute ou une contestation, comme ici 30 ans ?
Cette mésaventure interpelle, mais c'est loin d'être un cas isolé. Récemment, un autre cas m'a été soumis. Pendant des années, les assemblées se sont tenues de manière informelle au prétexte d'une unanimité supposée. Arrive le jour où une associée souhaite céder ses parts. N'ayant pas perçu toute sa part de résultat, l'associée sur le départ espère toucher un petit chèque de la part de la SCP pour solder les comptes. Ce montant viendrait s'ajouter au prix de cession de ses parts qui lui sera réglé par l'acheteur. C'est l'occasion d'examiner les "comptes courants" de chacune des associées. Il apparaît que deux d'entre elles sont créditrices et les deux autres doivent de l'argent à la SCP. C'est une découverte pour chacune d'entre elles. Ici, il s'agit de faibles sommes, mais suffisantes pour alourdir l'atmosphère.
À la décharge des Idel, certains comptables ne sont pas à l'aise avec les spécificités de nos métiers. Il n'est pas rare qu'ils recommandent à leurs clients de rechercher une réponse auprès de la FNI. Par exemple : « Nous sommes une SCP de 6 infirmiers. Nous avons tous acheté des parts et à ce jour, je souhaiterais connaître comment l'on détermine la valeur des parts d'une société d'infirmière. J'ai demandé au comptable qui me renvoie vers la FNI. ».
On constate une confusion courante entre le professionnel et la SCP, même dans l'esprit de certains comptables. En effet, la SCP est une personne morale distincte du professionnel libéral. Un prochain article examinera plus en détail cette problématique. Une fois de plus, ces mésaventures mettent en lumière le fait que votre organisation professionnelle, la FNI, est la mieux placée pour comprendre et traiter vos problèmes spécifiques.