L'enjeu est de regrouper des acteurs de santé issus de professions différentes et sur la base d'un projet de santé dans un maillon intermédiaire entre l'établissement de santé standard et les cabinets indépendants, ceci prioritairement dans les territoires les moins dotés. Pour les inciter à se regrouper et coopérer sur le plan thérapeutique et pédagogique, des fonds conventionnels (ACI) sont versés aux professionnels par le canal de la Sisa. Derrière ces politiques louables, il faut s'interroger sur l'avantage que constitue ou non la Sisa pour les infirmiers libéraux. À titre personnel, la question à se poser est très simple : est-ce bien "mon" projet ?
La Sisa va pouvoir bénéficier d'une rémunération calculée sur une base de points acquis selon trois types d'indicateurs :
Calcul de la dotation en points |
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Ameli propose un exemple de calcul pour une Sisa composée de 16 professionnels de santé avec
une patientèle de 4 000 personnes. Cette Sisa pourrait, en atteignant les indicateurs de l'ACI,
bénéficier des points suivants : - des indicateurs socles : 7 750 points - des indicateurs optionnels : 2 750 points |
Total pour une année : 10 500 points |
Pour rappel, vos encaissements réguliers provenant de vos prestations de soins à l'acte n'entrent pas dans le champ d'application de la Sisa. Pour votre action collective dans le cadre de la Sisa, définie par l'ACI, vous allez générer des flux financiers dont vous devez tenir compte dans votre propre comptabilité (liste non exhaustive) :
Le BOFIP est très clair (BOI-BIC-CHAMP-70-20-90) : la Sisa est soumise au régime fiscal des sociétés de personnes (imposition à l'impôt sur le revenu - IR entre les mains des associés). Il convient de reporter votre quote-part de résultat (2035 de la Sisa) sur votre déclaration de revenus 2042 et votre déclaration sociale des praticiens et auxiliaires médicaux (DS PAMC) tout comme vous le faites déjà pour votre propre 2035.
Bien que ce ne soit pas prévu dans l'esprit
du texte d'origine, le législateur a décidé
de laisser cette possibilité d'opter pour
l'impôt sur les sociétés (IS - conditions
prévues à l'article 206 et 239 du CGI/BOI-IS-CHAMP-40.). Attention, cette option est
irrévocable !
Si la Sisa a opté pour l'imposition sur les
sociétés, les associés ne pourront pas
déduire les pertes éventuelles de leurs
revenus. Les dividendes seront imposés
entre les mains des associés au moment
de la distribution.
Cession de patientèle
Lorsqu'un professionnel de santé a rejoint
une Sisa, il ne lui a pas vendu un droit de
présentation de la patientèle. Et pourtant,
dans les faits, les patients vont finir par
identifier leur maison de santé et non le
professionnel lui-même. Que se passera-t-il
en fin d'activité ? Avec quelle liberté pourrez-vous choisir votre successeur compte
tenu de la clause d'agrément ?
Votre patientèle aura-t-elle
encore une valeur ?
Prérogatives des associés
La répartition du capital
peut donner plus ou
moins de poids à certains.
Il est possible d'adhérer au
projet de santé d'une Sisa
sans pour autant être porteur
de parts sociales. Dans ce cas, seuls
les actionnaires sont à la gouvernance en
termes de gestion de la Sisa.
Les professionnels de santé n'ont pas attendu les Sisa pour coopérer les uns avec les autres. Depuis très longtemps, il existe des maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) organisées par d'autres moyens :
Toutes les organisations
collectives ont des
inconvénients, auxquels
vont s'ajouter certains,
spécifiques à la Sisa : "usine à gaz", perte d'identité, perte de patientèle et tout
compte fait rentabilité relative.
Ce complément de revenu est-il à la
hauteur des contraintes et engagements
à prendre ? Est-il préférable d'opter pour
des alternatives moins contraignantes ?
L'exercice pluriprofessionnel a toutes les attentions des autorités sanitaires. L'État en fait même une nécessité pour améliorer la coordination des acteurs, pallier le déficit de médecins, organiser la médecine de ville selon un schéma préétabli. Pour ce faire, il a créé une forme de statuts pour les MSP que sont les sociétés interprofessionnelles de soins ambulatoires (Sisa). Les fonds conventionnels versés peuvent sembler importants. Mais lorsqu'un calcul précis est effectué, intégrant l'ensemble des charges générées par l'ACI, le bénéfice réel rapporté à chaque professionnel de santé est somme toute assez faible. D'ailleurs, les professionnels de santé ne s'y sont pas laissés prendre. En plus de dix ans, moins de 15% de l'offre de soins est intégré dans les structures Sisa. L'engouement n'est donc pas au rendez-vous de ces structures choyées par les autorités sanitaires. Pour la FNI, celles-ci représentent des solutions ponctuelles et locales mais ne doivent en aucun cas être considérées comme l'alpha et l'oméga des réponses à apporter aux défis que notre système de santé doit relever.