En France, la santé mobilise des moyens d'État considérables. Aussi, ce dernier souhaite s'appuyer sur des coopérations avec les professionnels de santé qui sont les mieux placés pour connaître intimement ces dossiers. Au niveau national, les interlocuteurs tout désignés sont les syndicats professionnels représentatifs, mais il a semblé utile à l'État d'avoir, au niveau régional, pour les agences régionales de santé (ARS), des interlocuteurs privilégiés par profession de santé conventionnée.
Pour avoir des interlocuteurs au niveau
régional dans les conditions qui lui convenait, et sans avoir à les financer, l'État a porté
la création des URPS par décret(1).
Chaque région est dotée d'une URPS par
profession de santé : infirmiers, médecins,
chirurgiens-dentistes, pharmaciens d'officine, sages-femmes, kinés, orthophonistes
et orthoptistes. D'un statut associatif type loi
1901, les URPS infirmiers libéraux sont au
nombre de 17 (une pour chaque région plus
une pour la collectivité territoriale de Corse).
Le décret et les statuts types définissent les missions assignées aux URPS. « Les URPS contribuent à l'organisation de l'offre de santé régionale. Elles participent notamment :
Le décret prévoit que l'assemblée définit le programme de travail annuel. Celui-ci débouche sur :
Pour les professions comportant plus de
20000 professionnels, les membres de
l'assemblée d'une URPS sont élus tous les
cinq ans par leurs pairs. Pour les autres,
ils sont désignés.
Les syndicats professionnels représentatifs
présentent leurs candidats sur une liste.
Le nombre de sièges à pourvoir est fixé dans
chaque région en fonction du nombre de
professionnels libéraux en activité. Le scrutin
se fait à la proportionnelle ce qui amène
parfois à des alliances hétéroclites lors de
la constitution du bureau.
Les membres ainsi élus se réunissent
en assemblée pour élire à leur tour les
membres du bureau :
- un président et un vice-président ;
- un trésorier et un trésorier adjoint ;
- un secrétaire et un secrétaire adjoint.
C'est le bureau qui dirige l'URPS conformément aux statuts types et au règlement
intérieur.
Pour rappel, les URPS sont des associations à but non lucratif loi 1901 et, à ce titre,
ne sont pas assujetties aux impôts commerciaux (IS,TVA, CFE). En revanche, ces structures percevant des fonds publics supérieurs à 153000 € par an ont l'obligation de
nommer un commissaire aux comptes pour
certifier leurs comptes annuels.
Elles ont également l'obligation de tenir
une comptabilité régulière et sincère qui
est vérifiée par une commission de contrôle
interne, d'établir un budget prévisionnel, de
présenter chaque année à l'assemblée un
bilan, un compte de résultats et une annexe.
Certaines URPS signent avec leur ARS
des CPOM pour des missions spécifiques
pour lesquelles elles obtiennent des financements. Dans ce cas, elles doivent respecter
les principes posés par le règlement comptable n°2018-06 du 5 décembre 2018 en
matière de fonds dédiés (2).
La Curps est une contribution versée
à titre obligatoire par chaque professionnel
conventionné aux URPS via l'Urssaf. À noter
que les remplaçants ne sont pas redevables
de la Curps. Le prélèvement peut faire l'objet
d'une demande de remboursement pour les
remplaçants au niveau de l'Urssaf.
Base de calcul
La Curps est calculée chaque année sur
la même base que celle des cotisations
d'Urssaf : bénéfice + cotisations facultatives.
À noter :
Le décret stipule, qu'en plus du remboursement des frais engagés, les professionnels pourront percevoir des indemnités compensatrices de perte d'activité (ICPA) pour le temps passé qui est souvent considérable. Elles sont fixées par le règlement intérieur, dans la limite d'un plafond applicable à chaque profession, défini par arrêté ministériel. Pour chaque professionnel, les indemnités annuelles perçues ne peuvent excéder deux fois le PASS, soit 82272 euros pour 2022.
Les trésoriers de certaines URPS ont
parfois été très fiers de pouvoir présenter
des comptes aux résultats mirifiques.
L'association avait été économe ! Si l'être
est une vertu, il ne faut pas pour autant
qu'elle masque l'objectif principal, à savoir :
faire avancer des projets pour les Idel qui
permettent une meilleure prise en charge
de la santé de la population. Chaque URPS
se doit d'avoir une activité. Cette dernière
génère des coûts ; cependant et dans
cette perspective, il faut viser un résultat
en équilibre.
L'URPS est une association régionale
mono-professionnelle travaillant en concertation avec les ARS et financée par une
cotisation obligatoire prélevée à la source et
payée par tous les professionnels de santé
libéraux d'une même région. Ses membres
sont élus tous les cinq ans.
Créées plus récemment, les CPTS visent
à organiser les parcours de soins des
patients dans une approche populationnelle et dans un cadre pluri-professionnel
sur un territoire restreint : ville, bassin de
vie. Ces associations sont librement créées
à l'initiative des professionnels libéraux qui
vont former une association. Leur fonctionnement est financé par des fonds conventionnels de l'Assurance maladie.
Comprendre l'usage qui est fait de votre contribution aux URPS est un minimum pour prendre part, à votre échelle, à la construction d'un système de santé plus solide et plus adapté aux besoins du terrain. Les URPS peuvent être de formidables organes pour pousser des projets qui font véritablement avancer la profession et participer aux nombreux débats du monde de la santé. Les vrais enjeux sont colossaux pour la santé publique et la place des professionnels libéraux de santé.
Jusqu'en 2010, la totalité des professions de santé étaient représentées au niveau régional par les Unions régionales de médecins (URML). L'avènement des URPS a rétabli une forme de symétrie entre professions même si les moyens alloués liés aux taux de cotisation différents entre professions sont hétérogènes. Les URPS ont toute leur utilité dans le contexte de déconcentration que nous connaissons à condition qu'elles restent dans le périmètre des missions octroyées par la Loi. Les URPS n'ont, par exemple, pas de prérogatives sur les négociations conventionnelles, pas plus qu'elles n'en ont sur le suivi des mesures conventionnelles.
1 Décret n° 2010-585 du 2 juin 2010 relatif aux
unions régionales de professionnels de santé.
2 Voir notre précédent article sur les CPTS