Des indices à connaître
Afin de maintenir une équité de chacun devant
l'impôt, l'administration fiscale veille sur les
déclarations. Trop peu dotée pour contrôler
chaque contribuable, elle doit s'appuyer sur
des "indices", avant de disposer de moyens
plus sophistiqués, prochaine étape pour repérer les fraudes. En attendant, ces indices
font gagner un temps précieux aux agents du
fisc. Inutile de dire que certains événements
exceptionnels attirent ainsi l'oeil des agents
de Bercy, s'appuyant sur ces fameux indices
dont voici une liste non exhaustive.
Déclarer dans les délais sans erreur
Si vous commettez une erreur ou une omission dans votre déclaration, ou si vous n'avez
rien déclaré, vous vous exposez presque
automatiquement à un contrôle. Le vérificateur, qui doit faire état de résultats,
aurait bien tort de ne pas exploiter un tel
manquement. C'est donc le premier point
sur lequel exercer votre vigilance. N'oubliez
pas que l'administration fiscale dispose
de nombreuses données qu'elle peut croiser
à l'aide d'algorithmes pour détecter ce type
d'incohérence. C'est le premier indice.
- Incohérences entre les informations de
différentes administrations. Un contrôle
fiscal peut être déclenché en cas de trop
grande différence entre les données des
services tels que la CAF, la banque, l'Urssaf
et la déclaration des revenus par exemple.
- Absence de déclaration d'impôts, erreur ou
omission. Une absence de déclaration ou
une simple erreur ou omission peut attirer
l'attention de l'administration. Depuis le
prélèvement à la source, les représentants
du fisc se concentrent sur les revenus
exceptionnels, fonciers, capitaux mobiliers
et plus-values.
- Chiffre d'affaires (CA) inadapté au secteur
d'activité. Si vos chiffres (CA, résultat
ou marge) sont bien inférieurs à ceux des
entreprises d'un même secteur d'activité,
un contrôle peut avoir lieu pour vérifier si les
revenus sont réels ou pas.
L'immobilier à la loupe
L'immobilier constitue un domaine très
surveillé car il recèle de nombreuses niches
fiscales.
- Une résidence plus vraiment principale. Vous
avez trouvé un acquéreur pour l'achat de
votre résidence principale. Rassuré par la
vente imminente de votre bien, exonérée
d'impôt sur la plus-value, vous avez déménagé dans la foulée mais la transaction a pris
du retard. Rien n'empêche l'administration
de considérer que le bien n'était plus votre
résidence principale au moment de la vente,
arguant que vous ne l'occupez plus depuis
longtemps.
- Abus de transmission de patrimoine. Certains
parents anticipent la transmission de leur
patrimoine en offrant la nue-propriété de
leurs biens immobiliers à leurs enfants
tout en conservant l'usufruit. Lorsque les
parents décèdent, les enfants deviennent
propriétaires de fait. Ceci est parfaitement
légal, mais si les enfants occupent le bien
démembré du vivant de leurs parents, cela
peut être requalifié en donation déguisée.
Le fisc est très attentif à ces pratiques bien
connues.
- Un Pinel abusif. Lorsque vous signez votre
Pinel, vous vous engagez à respecter les
plafonds de revenus des locataires selon
les limites imposées par la zone où le bien
est situé. Certains investisseurs sont tentés
d'outrepasser ces limitations ou ne prennent
pas la précaution de les respecter. Les
investissements locatifs défiscalisés font
l'objet d'un examen quasi systématique.
- Une piscine clandestine. Votre piscine
est bien cachée de la vue de vos voisins.
Pourquoi la déclarer ? C'est sans compter
sur les nouveaux outils du fisc. Un simple
recoupement avec le cadastre révélera
la forme bien reconnaissable d'une piscine
non déclarée. En 2023, la DGFIP a détecté
plus de 140 000 piscines taxables grâce
à l'intelligence artificielle et aux photographies aériennes de l'IGN !
- Un impôt sur la fortune immobilière sous-estimé. Vous héritez d'un bien. La tentation est
grande de minorer sa valeur. À la revente,
il faudra reconnaître la véritable valeur du
bien. Sans attendre cette échéance, l'administration fiscale dispose d'outils puissants
(comme Patrim par exemple) pour estimer
la valeur d'un bien. En cas de discordance,
elle diligente un contrôle fiscal qui pourra
être douloureux. Le fisc tolère souvent une
marge d'erreur d'environ 10%.
La vie de château
Chacune mène sa vie comme il l'entend, mais
de grandes différences entre ses dépenses
et ses revenus peuvent éveiller l'attention du
fisc. Plus encore, sachez qu'un train de vie
au-dessus de la moyenne vous expose déjà
au regard du fisc.
- Un train de vie incohérent. Fier de la Maserati
que vous vous êtes offerte pour votre
tournée des grands hôtels dans le sud de
la France, vous avez publié des selfies sur
votre compte Instagram. Problème, ces
dépenses ne sont pas du tout en phase avec
vos revenus déclarés. Mal vous en a pris car
le fisc exploite aussi les précieuses informations qu'il trouve sur les réseaux sociaux,
la presse nationale et régionale. Finie la vie
de château ; il va falloir justifier ces achats,
surtout expliquer l'origine des fonds.
Les enfants et la famille
La générosité envers sa propre famille est une
bien belle qualité... tant qu'elle ne sort pas
du cadre fixé par l'administration !
- Les prêts familiaux non déclarés. Un prêt
excédant 5 000 euros, qu'il soit en faveur
d'un enfant, ou entre frères et soeurs,
doit être déclaré auprès des services des
impôts pour ne pas être qualifié de donation
déguisée.
- La pension alimentaire non justifiée.
Les parents peuvent aider leur enfant,
surtout lorsqu'il quitte le logement familial. Cette pension alimentaire est même
déductible de leurs revenus si l'enfant est
en état de nécessité. En revanche, s'il gagne
lui-même un revenu, le fisc estime que cette
pension excède ses besoins essentiels
La tentation de l'étranger
L'administration est très attentive aux transactions avec l'étranger (domiciliation et
banque) car c'est bien connu, il y a certains
pays où la fiscalité est particulièrement clémente. Des pays où l'on ne vous interroge pas
trop sur la provenance des fonds que vous
déposez en banque.
- Des comptes bancaires à l'étranger. Ouvrir
un compte à l'étranger ne contrevient
aucunement aux règles de l'administration
fiscale française... pour autant que vous
le déclariez. Il existe un formulaire dédié
pour déclarer cette ouverture de compte.
Omettre cette démarche très simple
vous expose à une amende forfaitaire de
1500 euros, sur quatre années glissantes.
- Domiciliation à l'étranger. Certaines personnes peu scrupuleuses peuvent être
tentées par une fausse domiciliation fiscale
leur permettant d'échapper à l'impôt en
France. Inutile de dire que ce contournement
est très surveillé.
Le droit à l'erreur
Le droit à l'erreur pourrait laisser penser qu'il
y a une grande tolérance devant certaines
"omissions" ou "inexactitudes", et que vous
ne serez jamais sanctionnés si vous plaidez
la bonne foi. C'est une lecture un peu naïve
de cet assouplissement de la loi. N'oubliez
pas que le contrôle fiscal est l'arme fatale
de l'administration pour remplir les caisses
de l'État en temps de disette budgétaire.
Que devez-vous faire ?
Maintenant que vous avez connaissance
de ces indices, il serait dommage de vous
exposer inutilement. Voici quatre conseils
pour limiter les risques.
- Déclarez dans les délais : arrêtez de
procrastiner !
- Évitez les erreurs : un peu de sérieux.
Faites-vous aider si vous avez des doutes.
- Ne jouez pas avec le feu : ne jouez pas au
plus malin car cela se retournera probablement contre vous.
- Communiquez avec l'administration sur
vos situations exceptionnelles. Dès qu'une
situation sort de la moyenne, faites-en
état au fisc qui vous en sera gré, par une
demande de rescrit, une mention expresse,
par la messagerie sécurisée, faisant gagner
un temps précieux à l'administration.
Ne vous exposez pas à un contrôle fiscal qui
n'aurait d'intérêt ni pour vous ni pour l'administration fiscale en ajoutant un stress inutile.
Pour éviter le stress du contrôle fiscal,
ne tentez pas l'administration.
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