Il est très vite apparu à l'Exécutif que la crise
sanitaire allait avoir pour première incidence
une baisse conséquente de l'activité économique. La durée de la pandémie n'a pas
démenti ce point, bien au contraire. Pour les
salariés, cela aurait pu se concrétiser par
un licenciement économique et une mise
au chômage mais du fait de la gravité de la
situation, il a fallu organiser leur protection
en leur permettant de bénéficier du chômage partiel sans être licencié. Cette protection constitue également un avantage
substantiel pour l'entreprise et la collectivité,
l'autorisant à conserver «prêt à l'emploi» un
personnel qui pourra retravailler dès que les
circonstances le permettront.
Les chefs d'entreprise et entrepreneurs
libéraux ne sont pas en reste car ils profitent
également d'un soutien conséquent. Sans
ce dernier, nombre d'entre eux auraient
dû fermer boutique et auraient été forcés
à licencier leur personnel. Le dispositif du
chômage partiel perdait tout sens s'il ne
permettait pas aux dirigeants de rester à la
tête de leur affaire, prêts à repartir avec leurs
équipes ! C'est dans cette perspective qu'un
fonds de solidarité destiné aux entrepreneurs a été créé. Diverses autres mesures
sont venues en renfort de ce dispositif de
base.
Cet article n'a pas vocation à dresser un
inventaire exhaustif des aides mais examiner
leur incidence sur la fiscalité, les charges
sociales et leur traitement comptable pour
les bénéfices non commerciaux (BNC).
Par souci de simplification, nous aborderons
chaque mesure par organisme «payeur».
Vous employez du personnel qui subit la réduction de votre activité. Le chômage partiel vous permet de continuer à payer votre salarié grâce à une prise en charge par la Direction régionale des finances publiques (DRFIP). Cette aide vient en déduction du compte 64, «salaires et charges».
Un fonds de solidarité a été mis en place
par l'État et les régions afin d'aider les entreprises particulièrement touchées par les
conséquences de l'épidémie du Covid-19
et par les mesures de confinement.
Pour l'obtenir, vous vous connectez
à «Votre espace particulier» (et non pas
«Votre espace professionnel») sur le site des
impôts : https://www.impots.gouv.fr/portail/.
Aller dans votre messagerie sécurisée >
Écrire > Sélectionner «Je demande l'aide
aux entreprises fragilisées par l'épidémie
Covid-19».
Vous recevrez un virement substantiel sur
votre compte bancaire sans autre formalité.
Cette aide ne supportera ni impôt (IR ou IS)
ni charges sociales.
L'Autorité des normes comptables (ANC)
recommande de créditer ces subsides
au compte 74 «subvention d'exploitation».
Ce qui sous-entend que vous portiez ces
montants sur la déclaration 2035 à la ligne 6
«gains divers» et que vous les neutralisiez à la
ligne «divers à déduire».
La Caisse autonome des médecins de
France (CARMF) nous donne quant à elle
une autre recommandation s'agissant des
sommes qu'elle paye à la place du professionnel au titre de la solidarité en demandant
de les porter au crédit du compte de l'exploitant (108000). Cette recommandation
est de notre point de vue transposable au
traitement du fonds de solidarité ici, simplifiant ainsi votre déclaration 2035 : ni ligne
«gains divers» ni «divers à déduire».
Quelle que soit la solution adoptée, ni les
organismes sociaux ni l'administration fiscale ne seront lésés ; dans ces conditions,
on peut penser que votre association de
gestion agréée (AGA) ne vous fera pas de
remarque à ce sujet.
Les caisses des libéraux ont quant à elles
mis en place deux actions majeures pour
aider leurs adhérents : le rééchéancement
des appels de cotisations qui ne seront
déduites comme d'habitude qu'au moment
du paiement et l'attribution d'une aide
au titre du fonds social.
Aide du fonds d'action sociale
Les entrepreneurs libéraux ne bénéficient
pas de l'aide RCI-CPSTI réservée aux
commerçants artisans. Pour compenser
cela, certaines caisses telle la Carpimko
proposent des aides qui viennent compléter celles du fonds de solidarité. Il est
généralement admis d'appliquer les mêmes
règles que celles employées pour le fonds
de solidarité, s'agissant d'un secours (voir la
recommandation de la CARMF ci-dessus).
D'ailleurs, la Caisse autonome de retraite des
chirurgiens-dentistes et des sages-femmes
(CARDSF) précise sur son site que « l'aide
du fonds d'action sociale est non-imposable, non-remboursable, non-soumise
aux retenues sociales. ».
La crise sanitaire conduit certains professionnels de santé à une réduction massive
de leur activité courante. Afin que ceux-ci
puissent faire face à leurs charges fixes, une
aide est attribuée par la Caisse d'Assurance
maladie. Pour l'obtenir, vous devez en faire
la demande sur votre espace amelipro.fr.
De notre point de vue, cette aide, destinée
à compenser une partie de vos charges
fixes, devrait être comptabilisée en transfert
de charges – compte 79 et portée en «gains
divers» sur la ligne 6 de la 2035, montant qui
ne serait pas neutralisé fiscalement
Vous avez entendu parler du prêt garanti par l'État, le fameux PGE de son petit nom. Afin de passer un cap difficile, vous pouvez solliciter un emprunt auprès de votre banque. Ce prêt est particulièrement intéressant en termes de taux et de durée mais sa principale qualité demeure la garantie par l'État d'une part importante du capital (jusqu'à 90%). Avec une telle garantie votre banquier a de meilleures chances d'être remboursé, de quoi faciliter les choses. Mais attention, il s'agit d'un emprunt comme un autre qu'il faudra rembourser. Sur le plan comptable, il y aura lieu d'utiliser le compte emprunt 164. Le capital versé ne sera soumis ni à l'impôt ni aux charges sociales. Les frais financiers éventuels (intérêts, assurances, frais de dossier) seront déductibles de votre résultat au moment du paiement, à comptabiliser au compte 661 «intérêts d'emprunt».
On peut résumer les conséquences fiscales, sociales des mesures comme suit :
Vous avez participé aux campagnes de dépistage massif, de vaccination ou au renfort des équipes soignantes dans les Ehpad. Sachez que les rétributions que vous avez perçues sont à comptabiliser en honoraires conventionnés