Désormais, tous les entrepreneurs individuels bénéficient d'un statut UNIQUE dit "Entrepreneur Individuel" ou "EI".
Freins à l'entrepreneuriat
La refonte du statut de l'entrepreneur
individuel (EI) vise un objectif très simple :
développer l'entrepreneuriat. La méthode ?
Enlever le frein que constituent les regrets
d'entrepreneurs que l'on entend si souvent :
« Ah si j'avais su, j'aurais opté pour telle ou
telle forme juridique, ou tel régime social ou
fiscal... ». Cette petite musique en dit long
sur l'inadaptation des anciens statuts aux
besoins réels des entrepreneurs individuels.
Faut-il mieux maîtriser les arguties juridiques
et fiscales, quitte à biaiser les statuts existants ou bien se concentrer sur son activité ?
La réponse s'impose d'elle-même. Oui, des
règles trop complexes peuvent stériliser
la création, inhiber l'esprit d'entreprise et
favoriser les "petites astuces" au détriment
de la collectivité.
Une longue évolution
Pendant des dizaines d'années, pour obtenir un avantage fiscal ou une protection
du patrimoine privé, il fallait opter pour le statut de société en usant d'artifices : utilisation
d'un "homme de paille" ou transmission de
quelques parts sociales à un membre de
la famille. Pour éviter cette mise en scène
inutile, le législateur avait introduit le statut
de SARL unipersonnelle (EURL), puis l'EIRL,
des statuts avantageux mais complexes
à mettre en place. Avec le nouveau statut
de l'entrepreneur individuel, une étape
décisive est franchie. Désormais, tous les
entrepreneurs individuels bénéficient d'un
statut UNIQUE dit "entrepreneur individuel"
ou "EI". Les avantages réservés historiquement aux statuts de société sont désormais
accessibles aux EI. Examinons ce qui donne
tant d'attrait aux sociétés.
La société
Selon le Code civil, « la société est instituée par deux ou plusieurs personnes qui
conviennent par un contrat d'affecter à une
entreprise commune des biens ou leur
industrie en vue de partager le bénéfice
ou de profiter de l'économie qui pourra
en résulter. » (1)
Séparation des patrimoines
Exploiter en société permet de séparer
le patrimoine de l'entreprise de celui de
l'entrepreneur. Certaines formes de société
permettent de limiter la responsabilité de
l'associé à son apport. La société à responsabilité "limitée" (SARL) en est un bon
exemple. En cas de mauvaises affaires,
le paiement des dettes sera limité aux biens
de la société elle-même, ce qui protège
le patrimoine personnel des associés.
L'impôt sur les sociétés (IS)
Les associés ne paient pas d'impôt sur les
bénéfices à titre personnel. C'est la société
qui paie l'impôt des sociétés (IS), dont le taux
est de 15% jusque 38120 € de bénéfice,
puis 25% au-delà. Ces taux sont à comparer
à ceux appliqués à un entrepreneur assujetti
à l'impôt sur le revenu (IR), dont le taux peut
atteindre 45%.
Les charges sociales
La société va payer des charges sociales
dont l'assiette est limitée aux rémunérations
et distributions, alors que l'entrepreneur
individuel paye des charges sur la totalité
de ses résultats qu'ils soient disponibles
ou pas, ce qui peut, selon le cas, faire des
différences substantielles.
Qu'est-ce que le nouvel
entrepreneur individuel ?
Le Code de commerce définit l'entrepreneur
individuel de la manière suivante : « Toute
personne physique qui exerce en son nom
propre une ou plusieurs activités professionnelles indépendantes ».
Séparation du patrimoine privé et professionnel
Avant la création du statut de l'EI, l'entrepreneur devait payer ses dettes sur l'ensemble
de son patrimoine, ce qui a pu amener des
entrepreneurs "à la rue". Désormais le patrimoine privé (habitation, résidence secondaire, placements etc.) n'est plus saisissable
comme dans les sociétés à responsabilité
limitée.
Accès à une assurance chômage (ATI)
L'allocation des travailleurs indépendants
(ATI) est désormais ouverte aux travailleurs
non-salariés ayant définitivement cessé leur
activité en raison de la non-viabilité économique (baisse d'au moins 30% des revenus
déclarés au titre de l'impôt sur le revenu).
Option IS/IR
Maintenant, l'entrepreneur individuel pourra
opter pour l'IS, un régime jusque-là réservé
aux sociétés, option qui peut modifier
le poids de l'impôt et des charges sociales.
Mieux encore, si l'option à l'IS s'avère
à l'usage inadaptée, il est tout à fait possible
de la révoquer jusqu'au cinquième exercice
suivant celui au titre duquel elle a été exercée. À noter qu'il ne sera dans ce cas plus
possible d'opter à nouveau pour l'IS. Il y a
des limites à la flexibilité du régime fiscal !
Mise en société et transmission du patrimoine
Jusqu'à présent, il n'était pas possible de
transformer une entreprise individuelle en
société ; il fallait apporter ou vendre les
divers éléments à la future société. Ce transfert était complexe et générateur de taxes et
charges diverses. Un dispositif emprunté au
mécanisme de fusion de sociétés, la TUP
(transmission universelle de patrimoine),
doit permettre une mise en société simplifiée et économique (2).
Fin des sociétés ?
Avec cette mini-révolution
des statuts d'entreprise et
les avantages consentis aux
entrepreneurs individuels,
on peut se demander s'il y a
encore un intérêt à se constituer
en société ? La réponse est très
simple : le contrat de société va retrouver
son rôle naturel, à savoir celui de mise en
commun d'un projet d'entreprise avec des
associés. Le nouveau statut de l'EI remet
de l'ordre et de la clarté dans la motivation
à entreprendre et la forme sociale retenue
pour cela.
Droit à l'erreur
Ce nouveau statut (EI) constitue un changement d'état d'esprit qui n'est pas sans
rappeler l'esprit du "droit à l'erreur" en
matière fiscale.
- En cas d'échec, ne pas se retrouver à la
rue grâce à la séparation du patrimoine
privé/professionnel et disposer de l'accès
à une assurance chômage (ATI) pour
pouvoir rebondir.
- Possibilité de revenir sur les décisions
sociales et fiscales qui auraient été mal
choisies à l'origine (IR ou IS).
- Possibilité de se constituer en société
a posteriori si le besoin s'en fait sentir.
Ces nouvelles dispositions sont de nature
à rassurer l'entrepreneur. Il n'aura jamais été
aussi simple et sûr d'entreprendre.
Soyez fier de votre statut EI, affichez-le !
Non seulement la mention "EI" vous protégera mais elle est obligatoire.
Ajoutez-la donc sans attendre sur tous vos documents (compte en banque,
devis, factures, cartes de visite, flyers, affiches, tampons, papier à en-tête,
etc.).
La protection du patrimoine privé s'appliquera immédiatement pour les
entreprises nouvellement créées. Pour celles existantes, elle portera sur
les créances nées après le 15 mai 2022.
Exemple de rédaction : Joséphine Dupond "entrepreneur individuel"
ou Joséphine Dupond "EI".
Afficher votre statut, c'est vous protéger !
Prudence
Cependant, certaines de ces nouveautés
semblent encore pleines d'incertitudes qui
ne seront balayées qu'après la publication
de textes et de commentaires d'application. Le tout devra ensuite être confirmé par
la jurisprudence. Aussi, profitons pleinement
des avantages procurés par ces nouveaux
textes mais avec prudence.
1 Titre IX : De la société (articles 1832 à 1873)
- Légifrance
2 Article L526-27 du Code de commerce.
Vite Ma Compta NOS ÉDITIONS